Entrée dans les balkans

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Voila une semaine que je n’ai pas écrit, et déjà j’ai l’impression que replonger si loin dans les détails de ma mémoire va être un exercice de taille, tant les journées sont denses, physiquement, visuellement et humainement. Au diable les précisions, tant pis pour mes fautes chronologiques.

Alors voila, le 15, me semble-t-il, nous sommes partis d’Udine. Nous étions alors 5 personnes, Andrea nous ayant rejoint pour une durée encore non déterminée. Direction la Slovénie et sa capitale, Ljiubjana.  Retour dans les montagnes, et l’impression de traverser ma région natale, la franche-comté. La slovénie pourrait en effet être décrite comme étant une sorte de grand Haut-doubt : des épineux à perte de vue, des forêts denses, au sol couvert de pierres angulaires, elles-mêmes couvertes et donc adoucies par une mousse épaisse et de couleur vive. Des forêts, des forêts, des forêts, aucun plat, des montées immédiatement suivies de descentes, et suivies de montées. Beaucoup de ruralité, de villages. Une densité aussi faible qu’agréable, qui ne nous rend en rien nostalgiques de l’italienne. Nous avons camper en plein milieu des bois, plutôt haut perchés, et isolés de tout. Nous n’avons pas croisés d’ours, même si les récits des gens poussaient à croire que nous dormions en plein coeur de leur territoire. 1km ou 2, nous disaient-ils. Dans les villages, a raconté à Pierre et Andrea un vieux du pays, les ours viennent, fouillent les poubelles, prennent ce qui leur plaît, et s’ils sont mécontents, que rien ne leur convient, ils les balancent furieusement. Me concernant, je commence à me détacher un peu de mes psychoses irrationnelles, et accepte progressivement que la forêt ait une vie nocturne; les bruits de pas, de branches qui craquent à quelques mètres de la tente ne me font plus peur.  C’est chouette. L’autre nuit, une bête, sans doute une taupe ou une fouine, s’est mise à gratter et pousser avec son nez le sol de ma tente, j’avais planté ma maison sur la porte de la sienne, ce qui a du la perturber au sortir de son hibernation.

slovénie, des forêts, des forêts d'épineux, des ours, et nous au milieu de tout ça, tous petits

Slovénie, la même clairière où nous avons dormi.

je plante ma tante au milieu d'un clairière, elle même au milieu d'une forêt slovène, pleine d'épines et d'ours?

Nous sommes donc arrivés à Ljiubjana. Là-bas, nous avons dormis à l’hôtel, un appartement pour nous cinq, pas cher. parfait pour pouvoir fêter en ville mon anniversaire. Après un quartier libre l’après midi (puisqu’il faut bien comprendre aussi que les jours de pauses sont aussi l’occasion de s’isoler un peu, de se retrouver un peu seul, c’est important aussi de temps à autres) on a passé une chouette soirée, fait la tournée des bars du quartier punk de la capitale. Le lendemain, encore un peu, disons, fatigués, nous avons fait 20km à peine.

Ce qui m’a surpris dans cette capitale, agréablement je veux dire, c’est sa petitesse. Son échelle humaine, très étudiante et vivante. Les distances sont ridicules d’un point à un autre, tout peut se faire à pied. Et en sortant de la ville en vélo, nous avons découverts un peu étonnés que la banlieue n’existait pas, en tout cas pas au sens que nous lui connaissons, pavillons, immeubles, quartiers résidentiels à perte de vue. Là, nous avons retrouvés les champs après quelques kilomètres. Belle surprise.

Ljiubjana, place principale, petite, chaleureuse. à l'échelle humaine.

Direction la côte croate. Ce furent encore trois jours de montée-descente-montée-montée-descente, forêt, forêt, montée. La grande nouvelle de ces jours étant le fait que je me sois découvert la capacité de gravir tout ça. J’ai probablement compris quelque chose, mon corps doit être plus entraîné. Quelle que soit la raison de ce changement presque radical, le principal est que je monte maintenant comme tout le petit monde de la troupe. ça me fait beaucoup de bien. Les Balkans annoncent une succession de dénivelés interminables, et je pars au front confiante.

Bon, après avoir passés trois jours entre 700 et 1000 m d’altitude, retrouvant les nuits fraiches, et répétant, à mesure que nous nous approchions de la côte croate  « A moins que la mer ne soit à 400 m au dessus de son propre niveau, on devrait bien finir pas descendre, non ? ». Nous avons passé la frontière Slovéno-Croate, entre Babno Polje et Prezid, accueillis par des portes de prison déguisées en douaniers. Heureusement, les autres personnes sont plutôt curieuses et contentes de nous voir. Nous commençons à planter nos tentes à côté des habitations et à frapper aux portes pour demander l’autorisation et créer de cette manière le contact. Et puis la croatie, toute touristique qu’elle est, pullule de campings, et puisqu’ils sont fermés du fait de la saison, ils sont pour nous de parfaits endroits pour planter nos tentes en bord de mer, gratuitement, ou presque (la dernière fois on s’est fait presque rackettés par une personne prétendant travailler au camping).

Nous sommes donc sortis, sortis de l’union européenne, sortis de l’euro. Nous avons retiré nos premiers Kuna, monnaie locale, monnaie qui sera d’ailleurs abandonnée en septembre prochain pour l’euro. La population semble plutôt partagée sur la question, tu m’étonnes !

Nous avons choisis de passer par les îles de Krk (oui, les croates ne mettent pas toujours de voyelles dans les mots) et de Rab, via un pont puis une liaison de quelques dizaines de kilomètres en bateau. De cette manière nous évitons une partie de la côte, probablement très belle, mais où le trafic, bien que nous soyons hors saison, nous a semblé un peu trop important. L’ile de Krk, et la ville de Krk est très jolie, très tranquille, et nous profitons de dimanche pour nous reposer dans un camping, régler ce qu’il y a à régler (lessive, mécanique, santé), avant de prendre le bâteau demain à 7h45 du matin.

Mes parents, Hubert et Monique, nous ont rejoints avant hier à Kraljevica, et sont venus jusque sur l’île avec nous. C’est chouette. Ils nous apporté 3 kilos de Comté, et du vin du Jura. Un grand plaisir. Ce soir je vais dormir encore une fois confortablement dans leur utilitaire aménagé, nous ne savons pas encore où, dans un lit confortable, pour repartir de bon pied.

arrivée sur l'ile de Krk, couché de soleil sur la côte, magnifique, andrea et moi

arrivée sur Krk du troupeau de Vélos

arrivée sur Krk, sylvain, coucher de soleil

Voila, je crois que j’ai raconté le plus gros, nous sommes à nouveau quatre, puisque malheureusement Andrea a du partir. Mais nous continuons notre bonhomme de chemin.

des bises à vous.

Une réponse "

  1. Chère Alice,
    je suis la maman d’Elie…C’est avec une certaine émotion que je lis ton post. C’est étonnant comment des liens, pas si virtuels que ça je crois, se tissent grâce à vos blogs… j’ai aimé te lire et je continuerai à te suivre. On comprend pourquoi tu aimes dessiner. Tu es celle qui évoque les couleurs des paysages traversés…Chapeau à vous quatre pour l’exploit sportif (Elie t’a peut-être dit la grande sportive que je suis du haut de mes 1m 53 !) et surtout pour l’aventure humaine que vous menez avec sagesse. Arriver à exprimer ses désirs, à vivre ce qu’on doit vivre, parfois on met une vie avant de savoir le faire ! Je te souhaite encore beaucoup de bonheur pour la suite de ton voyage !
    Aline

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